L’art de s’excuser quand on blesse quelqu’un


IStock_000007447130XSmallPar Sophie Stival

On manque de temps. On est pressé. Conséquences : on arrive quelquefois en retard à nos rendez-vous. Pour certains, ça devient une fâcheuse habitude…

On préfère écrire un courriel ou un message texte à nos collègues, à nos proches pour gagner du temps, afin d’éviter de leur parler trop longtemps. Nos mots sont parfois mal interprétés. Ils dépassent notre pensée…

Dans de telles situations, on s’excusera platement. Nos regrets même s’ils sont bien intentionnés ne suffiront pas toujours. 

Quand on blesse quelqu’un, comment fait-on amende honorable? Le consultant Peter Bregman nous suggère une méthode simple et efficace dans le blogue du Harvard Business Review. Une belle leçon d'altruisme.

M. Bregman raconte comment il lui arrive souvent d’être en retard. Comme ce soir-là où il devait souper avec sa conjointe au restaurant. 

Il se présente au rendez-vous avec 30 minutes de retard et bien sûr, il lui explique comment il a été retenu par ce client très important. Il n’avait aucune intention d’être en retard, il est désolé…

Celle-ci lui répond du tac au tac : « Tu n’as jamais l’intention d’être en retard. » Elle est furieuse. La soirée ne se passe pas très bien. 

Les bonnes intentions ne suffisent pas…

Plusieurs semaines plus tard, il raconte sa déconfiture à un ami, thérapeute familial. Ce dernier n’est guère surpris : « Tu as commis l’erreur classique », lui dit-il. « Moi, j’ai fait une erreur? », répond-il, à moitié blagueur. 

« Oui. Et tu viens de la commettre à nouveau. Tu abordes les problèmes de ton propre point de vue. Tu ne voulais pas être en retard. Mais la vérité, c’est que tu étais en retard. L’important à ce moment précis, c’est de saisir comment ton retard a touché ta conjointe. »

Peter Bregman comprend alors qu’il était beaucoup trop centré sur ses intentions alors que sa compagne subissait les conséquences de son retard. Leurs deux conversations, à sens unique, se sont mal terminées puisque chacun s’est senti incompris et frustré.

En y réfléchissant bien, Peter se rend compte que même lorsqu’il a de bonnes intentions, il lui arrive souvent de se mettre les pieds dans les plats. Il se rappelle quelques courriels et conversations malheureuses. 

Les gens ne sont pas dans notre tête. Ils ne savent pas ce qu’on pense d’eux, ce qu’on vit. Ils subissent davantage les conséquences de nos actions.

Admettre qu’on a blessé l’autre

Quand on offense quelqu’un, bien malgré nous, peu importe qui a raison ou qui a tort, mieux vaut commencer le dialogue en admettant que nos paroles, nos gestes ont blessé l’autre. Revenir sur nos intentions premières n’est peut-être pas la meilleure chose à faire. 

Même si on n’approuve pas la réaction de l’autre personne, qu’on la trouve injustifiée ou exagérée, ce n’est pas important. On doit se rappeler qu’on ne cherche pas à conclure un accord, mais à être compréhensif.

Reconnaître ce que vit l’autre

Si Peter pouvait remonter le temps, il aurait cette conversation avec sa conjointe lors de ce fameux souper :

« Je constate que tu es furieuse. Tu es assise à m’attendre depuis plus de 30 minutes et ça doit être assez frustrant. Et ce n’est pas la première fois. Je sais que je donne l’impression qu’être en retard parce que je suis avec un client est une bonne raison. Je suis désolé que tu aies dû poireauter aussi longtemps. »

Il est important de reconnaître et comprendre ce que vit l’autre personne. 

Ce genre de conversation peut être compliqué quand on a des problèmes interpersonnels avec un collègue de bureau ou un voisin, par exemple. Ça peut être un défi quand on se sent nous-mêmes incompris, qu’on doit se mettre à la place de l’autre. On peut penser qu’on se trahit soi-même.

Ce n’est pas le cas, affirme Peter Bregman. Il s’agit seulement d’avoir de l’empathie. On peut à la rigueur, s’imaginer que cette personne est fâchée avec un autre que nous. Et on essaie de voir comment on réagirait à sa place.

Le plus bizarre, constate-t-il, c’est qu’après avoir exprimé de l’empathie envers l’autre, avoir compris comment ça le touchait, bien souvent on ne ressent plus le besoin initial de se justifier. Puisque j’ai renoué la relation, je suis prêt à passer à autre chose.

Bien que ça semble simple à mettre en oeuvre, ce n’est pas facile. Mais vous savez quoi? Peter Bergman a constaté depuis cette fameuse conversation avec sa conjointe qu’il n’était presque plus en retard…

Vous arrive-t-il de blesser des gens par vos retards, vos courriels ou vos messages texte? Comment réagissez-vous?