Médicaments génériques : les bouder, ça coûte cher!

Par Sophie Stival

IStock_000009277892XSmall[1] Quand vous entrez dans une pharmacie avec un mal de bloc, achetez-vous du Tylenol ou un acétaminophène quelconque? Dans le cas d’un mal de dos ou d’un mal de dents, vous choisissez le bon vieux Advil ou de l’ibuprofène générique? Pour ma part, j’ai longtemps acheté des médicaments d’origine. Ils sont plus chers, mais également plus connus, ce qui sous-entend sûrement qu’ils sont meilleurs et plus efficaces. Erreur!

Si autant de Québécois choisissent les médicaments d’origine, c’est que notre gouvernement se distingue (encore une fois!) des autres provinces dans le choix des médicaments qu’il rembourse. Cette décision, justifiée autrefois, est devenue aujourd’hui très coûteuse et rend nécessaires les changements annoncés ces derniers mois.


Les médicaments génériques sont par définition identiques ou si vous préférez ils ont les mêmes ingrédients actifs que ceux d’origine (c’est Santé Canada qui le dit). Leur arrivée sur les tablettes des pharmacies survient à l’expiration des brevets des entreprises pharmaceutiques, habituellement 10 ans.

Il y a une vingtaine d’années, notre province a décidé de rembourser les médicaments d’origine au-delà de l’échéance des brevets (15 ans au lieu de 10 ans). Une décision qui s’est révélée coûteuse avec le temps. Je vous invite à lire l’excellent résumé de Réginald Harvey du Devoir (cliquez ici). En gros, on nous explique que rembourser les médicaments d’origine, qui sont plus chers, « coûte environ 120 millions de dollars par année » aux contribuables.

Il faut souligner que le marché du générique, bien qu’il est en croissance, ne représente qu’un peu plus de 20 % des achats de médicaments par les Canadiens, nous apprend Le Devoir.

Copier l’Ontario
Au printemps dernier, le gouvernement de l’Ontario annonçait qu’il ne paierait plus que la moitié du prix de vente des médicaments génériques. Avant, la province remboursait jusqu’à 50 % du prix du médicament d’origine, avec cette annonce ce n’est plus que 25 % (avec un échéancier de 3 ans). Au Québec, ce prix s’élevait à un peu plus de 50%, avant que notre ministre de la Santé, Yves Bolduc décide de suivre le mouvement de l’Ontario. 

Notre province doit maintenant s’entendre avec les pharmaciens et l’industrie des médicaments génériques qui verront leurs ristournes et leurs recettes fondre. La politique du médicament, proposée par notre ex-ministre Philippe Couillard, stipule que le Québec doit payer pour ses médicaments le «prix le plus bas» au pays. Pensez-vous que c’est le cas?

Autre billet : Notre carte soleil a 40 ans : de quoi célébrer? (cliquez ici)

8 réflexions sur « Médicaments génériques : les bouder, ça coûte cher! »

  1. Et si les médicaments d’origines sont inventé au Québec tandis que les médicaments génériques sont manufacturés en Ontario ?
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    L’actuel maire de Montréal, Gérald, s’est déjà fait connaitre pour ses idées de grappes industriels au PLQ, idées qui rassemblaient PQ aussi… En faits, à l’époque, çà marchait bien dans l’aéronautique et la pharmacologie… et Gérald voulait étendre la pensée de grappe… ce qui a surtout réussi à créer des jobs de fonctionnaires… et ainsi noyer le bébé…
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    L’interventionnisme québécois tant dans les grappes qu’à la SGF ne crée prospérité que chez les fonctionnaires infatués qui y réfléchisse, sans y investir leur propres argent…
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    Là, en choisissant les médicaments génériques (beaucoup fabriqué en Ontario) on abandonne l’interventionnisme d’État…
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    Les fonctionnaires arrivent comme des messies, détruisent tous… et nous offre le capitalisme fatalement…

  2. Madame Stival votre article sur les génériques est très intéressant. Peut-être un sur le système d’éducation?
    Vous écrivez :  »Il faut souligner que le marché du générique, bien qu’il est en croissance »; vous n’avez pas étudié le subjonctif :  »…bien qu’il soit en croissance ». Bonne journée.

  3. @ Jacques Desrochers
    J’ai effacé votre commentaire par mégarde, je m’en excuse. Vous pouvez le soumettre une nouvelle fois. Sophie
    @Pierre
    Il est vrai que le subjonctif accompagne généralement la locution « bien que », quand on souhaite exprimer une concession/opposition. Toutefois, si l’on souhaite souligner la réalité d’un fait (comme dans mon texte), il peut être justifié d’employer l’indicatif. Du moins, certaines grammaires le soulignent… Merci.

  4. Bonjour Sophie,
    Les génériques sont moins chers. Cependant, il arrive souvent que le générique ne soit pas la « même chose » que l’original. Il arrive souvent dans certaines classes de médicaments (les anti-dépresseurs en sont un exemple) n’a pas le même effet que l’original. Les règles pour qu’un générique soit accepté par Santé Canada sont beaucoup moins rigides que celles de la mise en marché d’un nouveau médicament (original). Qui investit en recherche et développement? La règle du 15 ans au Québec est normale. Plusieurs des compagnies pharmaceutiques ont leur siège social canadien ici au Québec. Après le 15, le générique à sa place sur le marché, mais il est possible que certaines personnes aient des effets secondaires qu’ils ne rencontraient pas avec l’original.

  5. Désolé mais les génériques ne sont vraiement pas aussi bon, et souvent les effets secondaires sont très néfaste.Certe mon opinion ne concerne pas tous les génériques mais ceux que j’ai eu à vivre avec.

  6. Le débat selon moi n’est pas de savoir si le produit générique est aussi bon que l’original car en théorie, il est supposé de l’être. Cependant, la présence de l’industrie innovatrice au Québec est beaucoup plus importante et la mesure de la « règle des 15 ans » évoquée dans l’article est expliquée disons le très sommairement. La mesure avait pour but à l’époque d’attirer des investissements en R&D au Québec, en échange d’un remboursement des produits pour une période totale de 15 ans, au lieu de la fourchette habituelle des 9-13 ans d’exclusivité du brevet. En 2005, le ministère du développement économique avait évalué la récupération fiscale induite par ces investissements versus le cout additionnel de la mesure. La valeur nette était positive de quelques millions de dollars à cette époque. Est-ce toujours le cas? Peut-être que oui, peut-être que non, mais une chose est sure, toutes les nations qui ont opté pour des stratégies de copies plutot que de l’innovation se sont retrouvés un jour ou l’autre en moins bonne situation économiquement. Nouvelle-Zélande et l’Espagne ont vu leurs investissements fondre comme neige au soleil. À l’inverse, l’Allemagne continue d’innover et de développer avec des chercheurs de haut calibre. Faites votre choix messieurs, dames…

  7. Attention, soyez vigilants car sur le marché du médicament générique il y a la compagnie APOTEX de Toronto qui s’est vu refuser la commercialisation de certains produits aux USA par la Food and Drug administration après vérification de la qualité des produits fait par eux. Cette compagnie vend des médicaments sous les noms APO-Ibuprofen ou APO-Clindamycine ou APO-blablabla, vous comprenez. Alors la question n’est pas seulement de sauver de l’argent sur les médicaments mais bien d’avoir le bon produit à la bonne dose et pas contaminé par je ne sais quoi. La qualité avant tout. Faites vos recherches attentivement avant d’avaler.

  8. @ Sophie
    @Chantal Mathieu
    Rien n’est tout noir ou tout blanc. Merci d’éclairer un peu plus nos lanternes.
    @ tous
    Le site du Conseil du médicament (gouvernement du Québec) a un onglet Foire aux questions qui traite spécifiquement des médicaments génériques. On y parle notamment de la « bioéquivalence » des médicaments. Merci.
    Lien: http://www.cdm.gouv.qc.ca/site/aid=1773.phtml

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