Guerre des devises : arrêtons de tirer la couverte de notre bord!

Par Sophie Stival

Burse_iStock_000008155888XS Les Américains en veulent à Barak Obama de n’avoir pas réussi à sortir leur économie de sa paralysie. Au lendemain de cette déconfiture démocrate, la Réserve fédérale américaine annonçait un nouveau plan de 600 milliards de dollars pour soutenir la reprise de l’emploi (chômage qui frôle toujours les 10 %) et stimuler le crédit.

En inondant le marché de liquidités, les États-Unis mettent des pressions baissières sur leurs taux d’intérêt. De faibles taux n’étant pas intéressants pour les investisseurs étrangers, le dollar américain s’affaiblit contre la plupart des devises. C’est ce qui explique notamment la force de notre huard ces jours-ci (près de la parité).

Mais un dollar US faible rend les marchandises des autres pays plus chères et moins attrayantes à l’exportation. Beaucoup de pays en développement, qui dépendent de leurs exportations (Brésil, Chine), sont mécontents d’un tel afflux de billets verts. À quelques jours de la réunion du G20 à Séoul, les experts craignent de plus en plus une guerre des monnaies.


Mondialisation et interdépendance des pays

La mondialisation des échanges donne aux devises (à leur taux de change) beaucoup de poids. Selon le dernier rapport triennal de la Banque des règlements internationaux, la valeur des échanges sur le marché des devises s’élève QUOTIDIENNEMENT à 4000 milliards de dollars! Il n’est donc pas étonnant que des rapports de force existent entre les pays et leurs devises (comme le dollar US versus le dollar CAN), chacun tirant la couverte de son bord.

Dans ce combat, bien souvent inégal, les pays exportateurs souhaitent maintenir leur devise la plus faible possible. Et un dilemme se pose. Doit-on favoriser sa croissance économique quand ça menace l’économie (la reprise) mondiale?

C’est dans ce contexte que se rencontreront les 11 et 12 novembre les 20 plus grandes économies du monde (fameux G20). Les pays qui maintiennent artificiellement faible leur devise (traditionnellement la Chine et également les États-Unis avec ce plan) nuisent à la reprise mondiale, affirment plusieurs participants à ce sommet. On craint également les déséquilibres que ça peut provoquer, notamment en créant de nouvelles bulles spéculatives.

À ce jour, le dollar US et l’euro sont encore les devises les plus échangées, mais les pays émergents gagnent du terrain. Si les pays veulent éviter une guerre commerciale, ils devront penser plus loin que leurs propres intérêts à court terme. Évitons la concurrence déloyale. Autrement dit, une monnaie faible n'est peut-être qu'un avantage concurrentiel pour ceux qui n’ont pas réussi à innover et qui ne sont pas assez productifs. Chaque pays doit trouver comment il peut faire mieux sans nuire à ses partenaires, sinon ce seront encore les spéculateurs qui auront le champ libre…

Qu’en pensez-vous?

Pour en savoir plus :

Autre billet : Relancer l’économie à quel prix? (cliquez ici)

8 réflexions sur « Guerre des devises : arrêtons de tirer la couverte de notre bord! »

  1. Les États-Unis ont pris en charge la dette de Fanny et Freddy ce qui a fait l’affaire de la Chine… donc qu’a chiale pas…
    Pour moi, le problème de la stratégie américaine est davantage un problème interne d’appauvrissement de la classe travaillante… et ensuite se répercute mondialement parceque les économies concurentes devront emboiter le pas et serrer le citron à leur propre travailleurs…
    C’est comme un avocat qui te dit: Avises l’autre partie que tu me mandate de prendre tout les moyens nécessaire pour défendre ton intérêt et envoie moi copie… En faits… c’est surtout à l’avocat que tu offre carte blanche…
    Pour le moment, les financiers sont pris pour squeezer la classe travaillante…
    J’aurais préféré des ententes internationales pour éviter les échappatoires fiscales aux riches, mais là, ‘crise’ oblige… c’est les travailleurs qui écopent…
    Donc tant qu’à moi, ce n’est pas guerre des devises mais guerre des classes…

  2. Quand la Fed décide d’acheter pour 600 milliards de dollars de bons du Trésor, à votre avis quelle est la raison ? C’est simple : personne dans le monde n’en veut plus au prix proposé. Donc soit la Fed laisse faire et le prix des bons va chuter (entrainant bien sûr une hausse des taux d’intérêts), soit la Fed intervient, FAUSSANT ainsi le marché, en achetant les bons avec de l’ARGENT CRÉE À PARTIR DE RIEN, et maintient ainsi les prix des bons élevés (et donc les taux au plus bas). C’est donc bien en biaisant le marché que la Fed peut laisser au mourant quelques bouffées d’air supplémentaires.
    Pendant ce temps, que feront les autres pays, les autres monnaies ? Vont-elles regarder leurs exportations chuter à cause de la réévaluation de leurs monnaies par rapport au dollar, monnaie mondiale d’échange (peut-être plus pour longtemps) ? Non bien sûr. Ce sera encore des pirouettes, des réunions d’urgence, des G8, des G20. Le résultat sera une dévaluation de toutes les monnaies par rapport à la seule qui subsistera et qui ait toujours existé : l’or.
    2011 promet d’être une année particulièrement intéressante…

  3. Le gars de http://inflation.us/foodpriceprojections.html fait juste crier au loup…
    Si les États-Unis imprime beaucoup de nouveau dollars… çà fait baisser la devise… on s’entend…
    mais l’affaire c’est surtout que ces nouveaux dollars restent dans la poche du gouvernement alors que les travailleurs gardent les mêmes salaires mais maintenant avec une monnaie dévaluée…
    C’est une alternative à la déflation qui fait l’affaire du gouvernement…

  4. L’étalon OR est la seule solution au problème de la manipulation des devises. L’étalon OR est disparu des tablettes dans les années 1960 parce que cela permettait aux états de tricher sur la valeur de leur monaie par conséquent de gonfler l’économie. Aujourd’hui on en paie le prix fort.
    Les 600$ Milliards de la Fed dévalorise la monaie existante, de l’argent imprimé sans aucune richesse économique pour la supporter, tout comme les cartes de crédit individuelles qui font en sorte qu’on achète des produits sans jamais avoir produit une richesse (un travail) équivalent.
    L’économie est malade depuis longtemps et le malade à encore plus de fièvre et de symptome qu’il y a 15 ou 20 alors qu’il était possible de rétablir la situation avant la montée de l’économie chinoise.
    La dévaluation de la monaie par la FED est-elle une réponse à la Chine qui refuse de réévaluer sa monaie??? Si oui c’est une manière douteuse de remettre les USA sur les rails.

  5. Le monde ne s’en sortiront pas tant qu’ils dépendront d’une seule nation pour stimuler l’économie

Les commentaires sont fermés.