Dernier adieu à la revue Commerce

Commerce La revue économique Commerce publie son dernier numéro ce mois-ci. Fondée en 1898, c’est le plus vieux périodique qu’a connu le Québec. Au début, il s’agissait d’un bulletin de la Chambre de commerce de Montréal et dans les années 50, il s’est transformé en magazine. Transcontinental, qui en a fait l’acquisition en 1982, cesse maintenant sa publication. Pourtant, la revue compte près de 160 000 lecteurs (moi comprise).

Depuis quelques années, les médias écrits peinent à trouver des annonceurs et les lecteurs en paient souvent le prix, comme c’est le cas pour Commerce. Dans cette revue, les reportages nationaux et internationaux étoffés, les portraits de PDG « audacieux » d’ici et d’ailleurs, il y en avait beaucoup. On y parlait d’enjeux comme la fin du pétrole (autre billet) et de sujets inusités comme l’espionnage industriel ou la puissance des fonds souverains, le tout sur du papier glacé en couleur. Désormais, c’est l’hebdomadaire Les Affaires qui fera ce travail, et ce, sur du papier journal…

Pour regagner l’intérêt des annonceurs, Transcontinental remplacera Commerce par un nouveau « livre-magazine » qui doit cibler mieux son lectorat. Premium présentera une sélection d’articles et de textes traduits et tirés d’une presse d’affaires de renommée mondiale (The Economist, Harvard Business Review). Le « bookzine » relié et imprimé sur du papier de qualité sera destiné aux dirigeants d’entreprises. Il y aura donc peu de nouveaux contenus et moins de travail journalistique. Encore une fois, c’est une histoire de réduction de coûts. C’est bien dommage.

Jean Paré, éditeur de Premium, explique à Marianne Chouinard d’Infopresse : « Il y a beaucoup d'articles à lire dans la presse d'affaires internationale, mais les gens ont souvent peu de temps pour les découvrir. Premium sera le Courrier International des publications d'affaires, un créneau inexploité par la presse québécoise. Nous voulons offrir un environnement plus réflectif. C'est une nouvelle façon d'aborder la presse d'affaires et cela s'avère un beau complément à ce qu'on fait déjà. » Je suis bien d’accord. Mais là où le bât blesse, c’est que la nouvelle réalité économique oblige les éditeurs, même dans un milieu pointu (et plus payant) comme la presse affaires, à cibler un lecteur bien précis (le haut dirigeant) au détriment de la masse (les gens d’affaires).

La rédactrice en chef de Commerce  Diane Bérard a déjà écrit : « Commerce parle de gens d’ici, mais aussi de gens d’ailleurs, de Québécois qui travaillent à l’étranger et des étrangers qui influent sur notre économie. Commerce parle aux gens d’affaires et à tous ceux qui veulent comprendre cet univers. Commerce parle de la réalité qui fait les nouvelles, derrière les apparences. L’économie et le monde des affaires n’ont jamais été aussi passionnants! » Ne l’oublions pas.

3 réflexions sur « Dernier adieu à la revue Commerce »

  1. Je suis extrêmement désolé d’apprendre cette nouvelle,
    Au cours des années j’y ai lu beoucoup d’articles des plus
    intéressant et je garde toujours plusieurs copies, le 500,
    article sur Brian Mulroney, Pierre Lessard..L’Épicier…etc
    Dommage

  2. Je suis aussi bien déçue de cette nouvelle. Je suis une abonnée de la revue Commerce et une lectrice assidue de tout ce qui touche le monde des affaires. Je suis propriétaire, avec mon conjoint, d’une PME et j’enseigne en lancement d’entreprise dans un centre de formation professionnelle en région. Cette formation est accessible à tous, car on a pas besoin d’un secondaire III ou IV. Vivre en région n’est pas facile quand on vit d’une ressource comme la forêt. Parmi nos étudiants, on compte plusieurs personnes qui ont perdu leur emploi ainsi que des retraités qui veulent rester actifs. La lecture de ce qui se passe dans le monde des affaires est essentielle si l’on veut survivre dans cette jungle. J’ai fait le choix de m’abonner à la revue Commerce car elle est accessible à tous et nous rejoint en tant que francophone et québécois. De plus, elle est plus facile à lire pour des gens qui n’ont pas toujours eu la possibilité de faire de hautes études, comme la plupart de nos étudiants.

  3. @ Guy Brisebois et Lyne Martel
    Je suis bien d’accord. La revue Commerce s’adressait aussi au grand public qui s’intéressait au monde des affaires (tant dans les régions que dans les villes), et ce, avec une vision d’ici et d’ailleurs. Le journal Les Affaires fait moins de reportages internationaux, il y a moins de photos et moins de mises en perspective.

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