Les marchés boursiers ont-ils toujours raison?

Le marché a toujours raison. C’est ce qu’affirment bien des financiers. La bourse canadienne a commencé la semaine dans le rouge et notre dollar a reculé d’un cent en deux jours.


Pourtant, pour la première fois en près d’un an la valeur de l’ensemble des biens et services produits dans notre pays a été positive en juin (PIB a crû de + 0,1 %). Bien que la croissance des deux premiers trimestres de l’année ait été mauvaise, il y a consensus des économistes quant à une reprise avant la fin de l’année.


Pourquoi alors les indices boursiers canadiens n’ont-ils pas monté? Probablement parce qu’ils accordent bien plus d’importance aux indicateurs avancés (précurseurs) de l’économie. Or, la croissance du PIB est un indicateur retardataire. C’est-à-dire qu’il confirme ou réfute une tendance déjà exprimée.


En jargon moins financier, les investisseurs et les analystes préfèrent de loin les données économiques qui prévoient ce que l’avenir nous réserve (indicateurs avancés). Les bénéfices des entreprises, les demandes de permis de construire ou les indices de confiance en sont de bons exemples.

La bourse est un marché d’anticipations. Ses prix intègrent en tout temps le consensus des données à venir. Or, si le résultat d’un chiffre économique dévie des attentes, les prix se réajusteront immédiatement pour refléter l’opinion des acteurs financiers.


Enfin, il ne faut pas oublier que notre économie ne fonctionne pas en vase clos. Elle dépend beaucoup de la demande mondiale pour nos matières premières et de la demande américaine pour nos biens et services.


Bien que l’activité économique semble redémarrer, les marchés craignent les mauvaises nouvelles à venir. Après la hausse boursière des six derniers mois, les investisseurs prennent des profits cette semaine. Sage décision.


Outre les données économiques, bien d’autres facteurs influencent les marchés. Le mois de septembre, par exemple, est réputé pour être le plus mauvais de l’année. Le phénomène n’a pas d’explication rationnelle, mais la hausse récente des indices pourrait l’accentuer.


Le marché a-t-il toujours raison? L’un des plus célèbres économistes du XXe siècle, John Maynard Keynes, disait qu’il vaut mieux avoir tort avec la foule, que d’avoir raison contre elle. J’ajouterais que la force du marché est beaucoup trop importante pour que j’ose la défier.