Le parfum de l’été 2009: les fraudeurs conseillers

Les gens ont ce qu’ils méritent, dit l’adage populaire. J’ai pris ma retraite des marchés financiers tout juste avant la crise des papiers commerciaux en juin 2007. Par un heureux hasard, j’ai quitté le navire avant le naufrage.

Cet été là, « the talk of the town » a été les algues bleues. L’année précédente, c’est l’insalubrité des piscines publiques (exclusivité de Quebecor) qui fut le sujet chaud.

Pourtant, on se souvient comment cette primeur s’est terminée. La crédibilité de l’enquête a été démolie par le Collège des médecins. Trois ans plus tard, craignez-vous toujours de faire une saucette dans une soupe aux microbes (surnommées ainsi à l’époque)? Si oui, les médias vous ont bien eus.

En 2009, le scandale a un parfum plutôt financier.

Les fraudeurs qui se prétendent conseillers ont la cote. Notez bien que je n’ai pas écrit les conseillers financiers fraudeurs. C’est cependant ce que la plupart des médias ont scandé dans leurs bulletins de nouvelles.

Le titre de conseiller financier n’est pas reconnu au Québec. La confusion existe du fait que dans le reste du Canada il en va autrement. Chez nous, les investisseurs traitent notamment avec des conseillers en placement, des planificateurs financiers, des conseillers en sécurité financière ou des représentants en épargne collective.

Toutes ces spécialités sont encadrées par l’Autorité des marchés financiers (AMF) et la Chambre de la sécurité financière. Or, Earl Jones n’était inscrit dans aucun de ces organismes.

Sylvain Théberge, porte-parole de l’AMF, croit que l’affaire Earl Jones a pris beaucoup de place. Mais son organisme est pointé du doigt par les milliers de conseillers financiers honnêtes qui peinent à rétablir leur réputation. On reproche à l’AMF de ne pas assez informer l’épargnant tout en négligeant de défendre le conseiller.

Est-ce que le petit investisseur a raison de s’inquiéter pour ses économies? Probablement que non. Mais la véritable question que l’on doit se poser c’est : le châtiment infligé aux quelques cas d’envergure qu’a connu le Québec ces dernières années est-il juste par rapport aux crimes commis?

Bernard Madoff a sévi en toute liberté une trentaine d’années aux États-Unis. Mais quand on l’a épinglé, la condamnation de 150 ans de prison était sans équivoque. Tolérance zéro.

L’été s'achève. Vincent Lacroix sera vraisemblablement relâché sous peu. Il faut croire que les gens n’ont pas toujours ce qu’ils méritent. Le droit pénal québécois ne permet pas de donner des sentences consécutives à un fraudeur.

Une peine de plus de deux ans relève du Code criminel qui est de compétence fédérale. Le premier ministre Jean Charest a clamé sur la place publique son désir d’avoir des verdicts plus sévères pour les criminels à cravate. Souhaitons que sa ministre de la justice, Kathleen Weil, soit convaincante lorsqu’elle abordera la question cet automne devant ses semblables des provinces et le fédéral.