Microcrédit en Occident: du risque ou de l’humanité?

Argent_Can2_IS Connaissez-vous le principe du microcrédit? Il s’agit de petits montants prêtés à des entrepreneurs ou des artisans qui ne peuvent recourir à des emprunts bancaires. Cette activité a eu beaucoup de succès dans les pays en voie de développement. Des milliers de micros-projets ont pu voir le jour et sortir de la misère des gens qui étaient à première vue insolvables aux yeux des banques traditionnelles.

Plus près de nous, le site d’information français Rue89 propose dans sa rubrique Passage à l’acte que les villes prêtent aux chômeurs qui démarrent une micro-entreprise. Ce financement serait comme une subvention remboursable. Voilà une belle façon pour ces travailleurs de tirer avantage d’une situation économique difficile.

Si le micro prêt est présent en France depuis plus de 20 ans (l’Association pour le droit à l’initiative économique), vous serez peut-être étonné d’apprendre qu’il existe un Réseau québécois du crédit communautaire (RQCC) qui offre du microcrédit aux exclus de notre société. Son slogan fait réfléchir : « Là où plusieurs voient un risque, nous y voyons un potentiel humain ».  

Le crédit communautaire ouvre ses portes aux entrepreneurs qui sont présentement au chômage, sur l’aide sociale, aux travailleurs à faible revenu et aux « sans chèque ». « Ses activités d’accompagnement, de formation et de suivi à la carte, le tout combiné à un financement flexible, permettent de lever les obstacles qui empêchent ces personnes d’accéder aux sources de crédit plus traditionnelles », peut-on lire dans le dernier rapport annuel du RQCC.

Mais qui sont les prêteurs? Et bien au Québec, ce sont vous et moi. Ces investissements dits « responsables » sont faits par les communautés locales. Par exemple, le Fonds d’emprunt communautaire de la Mauricie cherche présentement des investisseurs prêts à placer 100 $ pour une période de 5 ans. Selon les données du rapport annuel 2008-2009, le taux d’intérêt demandé varie entre 0 % et 10 %. Le taux de remboursement est de 91 % et le taux de survie des entreprises après 5 ans est de 62 %. Pas si mal pour des prêts que beaucoup qualifient de dons.

Depuis 10 ans, plus de 2745 emplois ont été créés et maintenus par les membres du réseau et 6,546,455 $ en prêts ont été accordés. Le fondateur du microcrédit, Muhammad Yunus (prix Nobel de la paix en 2006), serait sûrement impressionné de voir sa stratégie porter ses fruits aussi loin du Bangladesh.