Devrait-on récompenser les bonnes notes de nos enfants?


Etudiante_ISPar Sophie Stival

On veut tous que nos enfants réussissent dans la vie. Mais pour arriver à nos fins, on leur promet parfois monts et merveilles.

Que faut-il penser des parents qui « achètent » leur fils ou leur fille avec des cadeaux ou une compensation financière? On veut les pousser à faire plus d’efforts, à se dépasser.  Est-ce une bonne façon de les motiver, de favoriser leur réussite? 

L’auteur et chroniqueur financier au New York Times, Ron Lieber, fait le point sur les recherches dans ce domaine, soit l’éducation financière et la parentalité.

Bien sûr, il existe différents types d’échanges. Plusieurs parents donnent de l’argent de poche à leur progéniture afin qu’elle en fasse un peu plus que de ranger leur chambre et de faire leur lit. Vider et remplir le lave-vaisselle, sortir les poubelles, couper le gazon sont dans bien des familles des tâches rémunérées. Ce n'est pas de ce genre de compensation dont il est question ici.

Récompenser les bonnes notes

Au secondaire, mes parents me donnaient des sous quand j’avais des notes supérieures à 80 % et un peu plus encore pour des résultats supérieurs à 90 %. Mon frère qui peinait un peu plus que moi à l’école n’empochait jamais autant. Ça me dérangeait. 

D’abord, les arguments contre la rémunération utilisée comme source de motivation:

  • Une fois adulte, l’enfant risque de vouloir acheter ses amis ou d’échanger de l’argent contre de l’amour.
  • Acheter son enfant est une façon de modeler son comportement sur celui d’une société matérialiste.
  • Des recherches démontrent qu’une personne qu’on paie pour faire une activité intéressante, comme un casse-tête par exemple, sera moins encline à refaire cette activité une fois qu’elle aura du temps libre. Ainsi, on aspire tous à être autonomes et compétents. En récompensant la réussite, on neutralise notre sentiment de contrôle. Ces effets seraient encore plus marqués chez les enfants.
  • Quand la récompense dépend uniquement de la performance de l’enfant, plus la pression exercée par l’adulte est importante, moins motivé risque de se sentir l’enfant. Dans une telle situation, l’enfant protestera et augmenter la récompense ne risque pas de donner le résultat escompté.

Les arguments pour :

  • Certains chercheurs argumentent qu’on risque d’être plus en contrôle (et non moins) s’il y a une récompense en jeu. C’est particulièrement vrai quand il s’agit de bien faire quelque chose. Selon cette théorie, on encourage les A dans le bulletin, mais on ne donne pas de trophée de participation…

Et les compromis?

  • Peut-on offrir de l’argent uniquement quand la tâche est vraiment difficile ou ennuie beaucoup notre enfant? Ceux qui sont dans le camp du non répondent : « Vous ne serez pas toujours derrière vos enfants pour les encourager en leur offrant un pot de vin chaque fois qu’une difficulté se présente. Que se passera-t-il si vous les avez toujours motivés en les payant et que d’un jour à l’autre, les récompenses cessent? »
  • Il faut briser ce lien trop direct entre la motivation et la récompense. On doit faire comprendre à nos enfants qu’on apprend pas seulement pour avoir des A et rendre fier ses parents. On doit voir bien au-delà de cette gratification. On est à l’école pour accumuler des connaissances qui nous serviront toute notre vie. Ce processus est continuel. On apprend tout le temps et ce bagage qui grossit nous permet d’aller toujours plus loin. 

Se questionner

La réponse n’est peut-être pas aussi tranchée que l’affirment ces chercheurs. Tout est une question de dosage, il me semble. Si la compensation financière est l’unique source utilisée pour motiver ses enfants, ça peut effectivement être problématique. 

Posons-nous la question sur notre propre enfance et sur les résultats obtenus. De mon côté, il m’est apparu assez limpide que je ne rémunèrerais pas les bons résultats scolaires de mes enfants. 

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