Des étudiants payés pour aller en classe!

Etudiante_ISPar Sophie Stival 

Des étudiants d’une école secondaire de Cincinnati en Ohio sont payés pour aller à l’école. Le directeur de la polyvalente souhaite par cette initiative réduire le taux d’absentéisme et favoriser le raccrochage scolaire. 

Ces élèves issus d’un quartier défavorisé sont payés respectivement 10 dollars par semaine pour les plus jeunes de 14 ans et 25 dollars, pour les plus vieux de 16 ans. Afin de recevoir son allocation hebdomadaire, le jeune doit se présenter à l’heure tous les jours à l’école et il ne doit pas déranger en classe…

« Nous disons à nos enfants que c'est leur travail d’aller à l’école. Et ils nous répondent : mais nous ne sommes pas payés. Maintenant, ils peuvent l'être », affirme son directeur Ken Furrier en entrevue à l’agence de presse Reuters. 

90 % de ces jeunes sont pauvres et moins d’un sur cinq a ses deux parents à la maison. Le contexte socio-économique et familial est donc difficile.

La question que tout le monde se pose : est-ce que ça fonctionne?


Les recherches de Roland Fryer

Plusieurs villes et États américains ont tenté l’expérience depuis 20 ans, explique l’article de Reuters. Selon une recherche publiée en 2010 par l’économiste Roland Fryer (Université Harvard), payer les étudiants quand il s’agit d’objectifs très précis (présence en classe, faire ses devoirs, bien se comporter) fonctionne jusqu’à un certain point. Par exemple, on a remarqué une amélioration des compétences en lecture (on a payé des étudiants 2 $ par livre lu dans une école de Dallas). 

D’un autre côté, ces incitatifs financiers lorsqu’ils sont liés aux résultats finaux lors d’épreuves scolaires n’ont pas eu d’effets mesurables. L’objectif serait trop intangible et à long terme. 

L’idée de payer des étudiants me semblait de prime abord scandaleuse. En écoutant l’économiste nous rapporter les résultats de ses recherches (librairie vidéo), on comprend mieux l’ampleur de la tâche dans certains milieux défavorisés américains…  

M. Fryer a également observé ce que font les écoles privées, qui ont les moyens financiers de tester des idées, pour augmenter la réussite scolaire de leurs élèves en difficulté. Ses constats se résument en 5 facteurs de réussite. Très intéressant. On a testé le tout auprès d'écoles publiques à Houston et le succès semble réel. Je vous en reparle sous peu. 

Au Québec

Chez nous, 30 % des jeunes n’ont toujours pas complété à l’âge de 20 ans, leur diplôme d’études secondaire (DES) ou d’études professionnelles (DEP). Dans un contexte où seulement 2 personnes en âge de travailler devront soutenir 5 personnes de plus 65 ans et plus d’ici une vingtaine d’années, il y a urgence d’agir, écrit Jacques Ménard le président du Groupe d’action sur la persévérance et la réussite scolaire (initiative citoyenne). 

Leur rapport publié en 2009 « Savoir pour pouvoir » nous rappelle que le décrochage est un problème complexe qui dépend de plusieurs données, souvent externes à l’école. Chaque enfant a sa propre histoire et ses raisons de décrocher.

Dans ses recommandations, le groupe s’inspire de ce qui se fait ailleurs. Le programme « Passeport pour ma réussite » lancé en 2001 à Toronto connaît, par exemple, un vrai succès. Sa mission est de réduire la pauvreté en luttant contre le décrochage au secondaire. 

Les élèves des écoles qui y participent ont droit à du soutien scolaire, social, financier et un service de médiation. On offre, par exemple, un service de tutorat et de mentorat individuel ou en groupe dans la communauté. L’aide financière se traduit par des billets de transport pour aller à l’école, des bourses postsecondaires. Les élèves et les parents ont droit aux services d’un intervenant (soutien personnel et médiation). 

Cette approche dite « globale » fait appel à la participation communautaire. Tous ont un rôle à jouer dans la lutte au décrochage. Il ne s'agit pas simplement d'offrir une carotte aux jeunes pour qu’ils se paient pendant quelque temps des trucs dont ils ont envie…

Êtes-vous d’accord avec l’idée de payer des étudiants pour aller à l’école?

 

9 réflexions sur « Des étudiants payés pour aller en classe! »

  1. En autant que cela se fasse pour aider des élèves issus de familles défavorisées, pourquoi pas… C’est émorme, 30% de jeunes n’ayant pas une DES ou DEP avant l’âge de 20 ans…

  2. Je ne crois pas que Marie viendra relire son commentaire mais le 30% s’applique au Québec…et au Québec ils ne sont pas payés!

  3. Ce n’est pas évident car si on regarde la société…il y a de plus en plus de jeune mère donc c’est difficile de terminer ses études quand tu as une famille qui compte sur toi…elle retourne à l’école quand leurs enfants y vont également.

  4. J’ai enseigné plus de 20 ans aux adultes,oui beaucoup beaucoup d’entre eux ont des gros problèmes autres que le potentiel pour étudier.
    j’aimerais que la statistique fasse une différence entre tout ceux qui terminent leur secondaire V sans diplôme a cause que la matière du francais est ECHEC seulement et ceux qui quittent en sec.lll ou 1V à cause des problèmes personnels et familiaux. vous resterez très surpris de constater le nombre d’étudiants qui doivent revenir aux adultes juste pour refaire ou compléter les cours de francais parce qu’ils veulent aller au C.E.G.E.P. et le francais leur coupe l’entrée.
    tout ces étudiants n’ont aucun problème avec toutes les autres matières qu’est-ce qui arrive avec le francais au Québec?

  5. Payer des jeunes pour aller à l’école c’est ridicule mais leur fournir l’éducation et le matériel gratuitement c’est déjà super ! Si on les paye c’est de les habituer à ne rien faire gratuitement au moindre petit effort ils s’attendront à être dédommager et ce dans différentes situations.
    C’est pour leur avenir il faut qu’ils en prennent conscience : chacun de nous à su le faire et fournir les efforts nécessaires afin de gagner une autonomie et une fierté.

  6. J’ai déjà lu un article au sujet de cette école et si ma mémoire est bonne, à peine 20% des jeunes qui fréquente cette école dépassent le secondaire 3 donc si 25$/semaine réussi à les motiver et les sortir de la rue, je trouve l’initiative très intelligente. Le taux de criminalité, dans ce quartier est aussi élevé que le taux de pauvreté. Plusieurs d’entre eux deviennent « l’homme de la maison » à 16 ans donc ils doivent mettre du manger sur la table et un toit sur la tête de leurs frères et soeurs alors l’école devient vraiment secondaire.

  7. L’on paye déja les étudiants étudiantes pour aller au Cégep. En effet il n’ya pas de frais de scolarité, et l’annexe 11 de l’impot fédéral envoie en impot 700$ par année, à l’étudiant s’il est imposable ou à ses parents ou à lui mème quand ilsera imposable car c’est cumulatif.
    C’est curieux personne ne semble au courant.

  8. Bien sûr qu’on pourrait payé nos étudiants. Et ça sonnerait plutôt bien en ces temps de menace de grève étudiante…On pourrait même attribué l’argent où l’étudiant n’y aurait accès qu’au post-secondaire. Leur champs d’horizon s’en élargirait. De plus ce ‘fond étudiant’ pourrait se fructifier tout en s’auto-finançant de lui-même.
    Mais l’Etat (et Desjardins?) ne percevraient plus d’intérêts scandaleux via leurs prêts insignifiants…
    Et malheureusement, je suis un peu plus pessimiste quand vient la réalité de notre système d’éducation où les pires ‘interventions’ qu’on y a vu ces dernières années proviennent de l’État lui-même alors…

  9. Payer les étudiants à ce tarif $10 ou $25 par semaine ….c’est beaucoup plus intelligent que d’augmenter le salaire des professeurs de 20% et ce serait beaucoup plus efficace pour contrer le décrochage scolaire… Vite M. Charest on applique…et vous serez réélu!!!

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