CHUM : 2 milliards plus tard

ArgentUSciel_IS Par Sophie Stival

« On veut pas le savoir, on veut le voir! », disait Yvon Deschamps. C’est la phrase qui m’est venue en tête en entendant l’annonce du nouvel échéancier et du nouveau dépassement de coûts du futur CHUM. Un projet de construction officiellement présenté il y a 10 ans, faut-il le rappeler? 

Madame la ministre Courchesne essaie de nous convaincre avec des mots. Ce « nouveau » projet est, semble-t-il, sans comparaison avec l’ancien. Le futur hôpital sera bien plus grand (superficie augmentée de 30 000 m²). Le CHUM une fois terminé aura « deux fois la grandeur de la Place Ville-Marie »! Oui, mais à quel prix? Deux milliards ou 2000 millions de dollars!


Bien que le rapport du comité d’expert ne soit pas rendu public avant la signature du contrat de construction, Mme Courchesne nous assure que le coût au mètre carré est raisonnable.

« Le coût au mètre carré est comparable aux constructions récentes d'hôpitaux au Canada. On n'est pas dans le champ gauche. C'est juste qu'aujourd'hui on est beaucoup mieux armé. On a un détail beaucoup plus précis de ce que sera le CHUM », a assuré Mme Courchesne (texte du journal Le Devoir). Permettez-moi d’en douter.

Mauvais taux d’actualisation

On économiserait finalement 302 millions en construisant le CHUM en mode PPP (partenariat public-privé). Dans cette guerre de chiffres, on a tenté de minimiser le changement du fameux taux d’actualisation du projet. On a utilisé un taux trop élevé, affirme le vérificateur général du Québec (8 % au lieu du 6,5 % utilisé dans le cas de projets comparables en PPP).

Ne nous leurrons pas, ce n’est pas un simple changement « comptable » et ce nouveau taux constitue une hausse réelle des coûts en date d’aujourd’hui, contrairement à ce que dit le gouvernement. Et on parle ici d’un impact budgétaire de 472 millions!

Avant d’investir de l’argent dans un projet, les entreprises évaluent toujours sa rentabilité économique. C’est ce qu’on appelle dans le jargon financier, le calcul de la valeur actuelle nette (VAN) du projet. Dans le cas de la construction d’un hôpital, on évalue plutôt la valeur en date et en valeur d’aujourd’hui des coûts du projet. On entend ici, les coûts de conception, de construction, de financement, d’entretien et de renouvellement des actifs pendant la durée du contrat, soit 30 ans (lire le rapport du vérificateur général).

Un projet aussi long et coûteux doit être évalué en dollars d’aujourd’hui, car un dollar en 2010 n’aura pas la même valeur qu’en 2040. En d’autres termes, ce 1 $ ne nous permettra plus d’acheter grand-chose dans 30 ans. Donc, pour connaître le coût du CHUM aujourd’hui, on doit « actualiser » la valeur de ces montants futurs à l’aide d’un taux d’actualisation. C’est ici où on a été négligent. En prenant un taux trop haut, on sous-entend que ces montants dépensés plus tard ne valent pas autant aujourd’hui. 

C’est compliqué, je vous l’accorde. Mais quand il s’agit de dépenser plus de deux milliards de dollars pour un hôpital (presque le double du projet initial), vaut mieux pas nous prendre pour des valises.

Qu’en pensez-vous?

Pour terminer l’année en beauté, je vous présenterai dans les prochaines semaines mon tour du chapeau 2010. Ces trois billets traceront le bilan de l’actualité financière et économique de la dernière année. On se reparle en 2011! Joyeux temps des fêtes à vous tous.  

4 réflexions sur « CHUM : 2 milliards plus tard »

  1. J’ai travaillé pour une entreprise Beauceronne pendant 15 ans. J’ai égallement travaillé pour le secteur Publique alors je sais de quoi je parle. Le gouvernement et ses fonctionnaires ne sont que des … point final ! Premièrement, les fonctionnaires ne savent pas compter et deuxièmement, notre Gouvernement se fie à eux. Quelle cacophonie, c’est abberrant. Le Gouvernement devrait tout donner à l’industrie privée une fois que le grand ménage sera fait par la SQ dans l’enquête MARTEAU. De plus, le Gouvernement ne devrait donner aucune marge de manoeuvre à l’industrie privée. Ils font la job et ça coûte X dollars, pas plus. Fini les syndicats et le Gouvernement qui gonfle les coûts. Je crois que les Québécois sont échoeurés de se faire manger la laine sur le dos. M. les politiciens, ayez du courage et servez-vous de votre tête !

  2. Bonjour, pour le commentaire émis précédemment, j’ai dit que les fonctionnaires étaient des … et je me suis trompé. Je voulais dire que les HAUTS FONCTIONNAIRES étaient des … Je ne met pas tout le monde dans le même panier.

  3. En partenaria public privé====normal====question solvabilité===projet trop gros.
    De plus, bien que tous les gouvernements exigent le paiement de leurs dûs immédiatement, ils trouvent toutes sortes de raisons pour retarder les leurs. Déjà, qu’ils paient ce qu’ils doivent à 120 jours sans intérêts. Alors imaginez la solidité financière requise pour toutes entreprises impliquées.
    Mais là, la porte est ouverte aux magouilles. Voyez, plus bas, les lignes numérotées # 2. Car ce sera inévitablement fait « cost plus ». Alors l’entente se fera entre le payeur et les principaux manufacturiers impliqués ainsi que deux ou trois fournisseurs de chacun des principaux domaines impliqués, tels que structure, électricité, ventilation-chauffage, plomberie….etc….Ajoutez à cela le fait bien connu que les fonctionnaires augmentent progressivement la dette du pays au lieu de la réduire nous obtenons en fin de course le chiffre suivant : $5,000,000,000 ou $5 milliards. Cela dit, je reconsidère les chiffres que j’ai écris sur le blog de M. Robert Savard, en acquiesçant au montant précité. Montant avancé par d’autres blogueurs.
    J’ai écris ce qui suit sur le blog de M. Robert Savard
    1-De 2,089 milliards, ça montera à 2,925 milliards 5 ans après. Ça devrait se chiffrer à 3,386 1-milliards pour le moins une fois terminé.
    2-Et ça, si aucune manoeuvre illicite n’entre en jeux.
    2-Exemple : des équipements lourds non-utilisés sur le site.
    3-J’espère que le terrain ou une partie du terrain n’appartenait pas à un « chum »..!
    3-Difficile de penser autrement avec la corruption que l’on connait au Québec.

  4. Le CHUM en partenariat public/privé, nous fera pensé au Métro de Laval, ou on a oublié 1 KM
    au milieu des travaux, donc nous devions accepter que les travaux soient faits selon les prix de l’entrepreneur et du bureau de GÉNIE-CONSEILS. Les travaux du stade olympique et le toît qui a ouvert environ 5 fois, sans poursuite pour le bureau de génie-conseil, ainsi que le deuxième toît,
    et le futur toît sera la même chose. Nous avons besoin d’ingénieurs américains car nous avons aucune connaissance pour ce genree de travaux, et ce sera la même chose pour le CHUM.
    J’estime les coûts a la fin des travaux a 2,750 milliards et pas moins. Les changements en cour de route, les nouvelles exigences, etc. Sans compter le plus mauvais emplacement. Bonne chance aux payeurs de taxes.

Les commentaires sont fermés.