École privée et publique: système à deux vitesse?

La semaine pour l’école publique ramène à l’avant-scène le débat (malaise) du financement de l’école privée par les contribuables. J’avoue avoir profité (mes parents) de ces subventions durant mes études secondaires. Ceux qui ont vécu les deux systèmes sont habituellement d’ardents défendeurs du réseau privé. 

Ces discussions animées ont leur raison d’être puisque le gouvernement verse à un élève qui fréquente un établissement privé (primaire ou secondaire) 60 % de ce qu’il lui en coûte dans son réseau public.

Historiquement, les institutions d’enseignement étaient entièrement privées (religieux) et réservées aux riches. Avec le temps, les écoles se sont démocratisées (écoles primaires suivies des écoles secondaires). Les établissements privés ont perdu leur légitimité et leur financement par la collectivité a diminué jusqu’au niveau d’aujourd’hui. Rappelons que seulement cinq provinces canadiennes financent leur réseau scolaire privé. Notre voisine l’Ontario n’offre aucune subvention aux écoles privées.

1er débat :
Certains affirment que couper ces subventions redonnerait des sous à nos écoles publiques. D’autres disent plutôt que le gouvernement épargne 40 % des coûts annuels puisque ce sont les parents (ou d’autres donateurs) qui déboursent le solde.

La vraie question que l’on doit se poser : Combien d’enfants se retrouveraient dans le système public si ce coût était entièrement payé par les parents (plus de 6 000 $/an au secondaire)? Présentement, la classe moyenne peut parfois, en se serrant la ceinture, envoyer ses enfants dans le réseau privé. Sans cette contribution par l’État, seule l’élite pourrait se l’offrir. Les tenants de ce double système invoquent une plus grande concurrence des deux réseaux (obligeant le public à présenter des programmes plus variés comme l’école internationale) et une liberté de choix des familles.

2e débat :
Puisqu’il faut passer des examens d’admission (autre débat) pour entrer dans un établissement privé, seuls les plus doués y ont accès alors que c’est l’ensemble de la société qui débourse la subvention. À l’opposé, l’absence de « petits génies » dans le réseau public ne permet pas d’enrichir la majorité de leur présence (diversité, hausser le standard général).  La popularité du palmarès des écoles du magazine L’actualité témoigne de ce désir toujours plus important d’envoyer ses enfants dans les « meilleures » institutions scolaires.

Quelles sont les solutions? En voici deux :

• On continue de subventionner l’école privée (peut-être dans une moindre mesure), mais les enfants qui veulent y aller (beaucoup plus nombreux que les places disponibles) ne doivent subir aucune discrimination. En tirant au sort parmi les multiples candidatures, on éviterait aux écoles privées de devenir des établissements pour surdoués. On offrirait ainsi aux parents de la classe moyenne le choix d’une école plus souple, de taille plus réduite, avec un encadrement différent. Elle devrait, il va sans dire, se conformer aux exigences pédagogiques et juridiques du Ministère de l’Éducation.
• L’autre choix, c’est de carrément abolir le financement collectif du privé. On pourrait établir un échéancier (10 ans par exemple) avec un sursis pour les enfants déjà intégré au système. Ces subventions seraient diminuées graduellement jusqu’à leur disparition. Mais je suis loin d’être convaincue qu’un tel choix règlerait le problème du sous-financement du réseau public. On verrait également naître une poignée d’écoles totalement privées où seul le statut socio-économique serait maître.

Quelle est votre solution?

Une réflexion sur « École privée et publique: système à deux vitesse? »

  1. Bonne suggestion concernant la démocratisation des écoles privées
    ‘• On continue de subventionner l’école privée (peut-être dans une moindre mesure), mais les enfants qui veulent y aller (beaucoup plus nombreux que les places disponibles) ne doivent subir aucune discrimination. En tirant au sort parmi les multiples candidatures, on éviterait aux écoles privées de devenir des établissements pour surdoués. On offrirait ainsi aux parents de la classe moyenne le choix d’une école plus souple, de taille plus réduite, avec un encadrement différent. ‘
    Si l’on veut démystifier le rôle des écoles privées ( aux yeux des imbéciles fortunés )il serait encore beaucoup mieux de changer le mode de recrutement des maîtres dans les écoles publiques pour éliminer le glissement de maîtres incompétents par en dessous des portes des classes à cause du mode actuel de choix des maîtres mode qui prioritise les intérêts socio politique que les intérêts des parents et des élèves.
    Pourquoi ne démocratisons-nous pas le mode de choix des éducateurs dans les écoles publiques, et remettre la sélection des enseignants entre les mains des parents concernés comme dans les écoles privées ?
    Chakib Najm
    ‘Normalien’

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